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la vie où l'on court Chapitre 7
                                                         
La septième des douze semaines d’entraînement prévues avant le marathon fut laborieuse. Raoul rentrait de vacances fatigué et avec deux, trois kilos de trop. C’était  à chaque fois ce qu’il redoutait le plus quand il allait en vacances au Portugal avec son ami. 
L’aller retour à Rennes l’avait quant à lui bousculé mentalement et s’il n’avait pas eu de nouvelles de sa fille qui plus est sera avec lui le jour du marathon,  il aurait peut être abandonné. Abandonné la préparation, abandonné d’autres projets sur lesquels nous reviendrons plus tard s’il continue son entraînement sinon cela mettra un point final à ce récit.
 Autre nouvelle également, son fils malgré sa tendinite espère encore pouvoir faire le semi marathon de fin de préparation avec lui, ce qui lui donne une raison aussi de continuer  …

    Je me rends compte que j’ai évoqué de façon régulière Jeanne sans donner de détails de la soirée qu’ils ont passée en tête à tête. Comme l’histoire se passe en temps réel aussi bien pour lui que pour moi qui fait la narration, je suis contraint au droit de réserve pour ne pas influencer l’aventure que Raoul vit actuellement. C’est une nouvelle aventure qui fait écho avec ce qu’il a pu déjà vivre et cela l’angoisse et le ravit même si cela arrive à un moment où il ne sent pas encore prêt. 


    Les retours de vacances c’est comme les débuts d’année, on voudrait que tout change, alors on déplace les meubles à défaut de changer de vie… On remet nos vies à dans une semaine ou plus tard quand on aura le temps… Le temps qu’il faudra pour oublier la rentrée et finalement ne rien changer.
  L'envie est une chose, agir en est une autre. Raoul s'accrochait aux entraînements qu’il faisait comme à des preuves des changements qu’il amorçait.
Les preuves cette semaine ont été mises à mal ! 
Sur sa montre GPS il avait différentes statistiques et après ses vacances, elles avaient fortement chuté. En VO2max il était passé de 44 à 41 et en prédiction de course pour le marathon il était passé de 3h 45 mn à 4h 05 mn et cela l’irritait…
Une chose à la fois et finir tout ce que j’ai commencé, voilà le leitmotiv de sa course ce mardi. Ses jambes étaient lourdes, il réussit néanmoins à réaliser son entraînement de fractionné, toujours avec des temps en dessous de ses objectifs… Demain oui demain j’agirai mais en disant ça il se décevait.
    Mercredi repos au niveau course, plus de dix heures de travail sur le chantier pour le finir et pouvoir être ailleurs le lendemain ; «  on perd souvent sa vie à vouloir la gagner »
    Jeudi, il devait courir près de deux heures mais doit changer son entraînement et ne fait qu’une heure. Les jambes sont toujours lentes, les kilos toujours là.  
Vendredi, visite chez la diabétologue qui est satisfaite des résultats car la glycémie sur les trois derniers mois se situe à 90% entre 0.7 et 1.8. Raoul n’est pas satisfait et le lui dit!  Il veut la performance maximale. Elle lui fait comprendre que dans le futur ce ne sera pas possible. Il se promet  de faire encore plus attention. Il aimerait être moins exigeant avec lui, il aimerait ne pas être malade, il aimerait ne pas aimer, ne penser qu'à lui, ne pas se sentir mal à l'aise quand il sent que les cœurs se serrent ou s'enflamment…

la fête de l’humanité:
Samedi matin, il prend le train, direction Paris, la Courneuve. En fond sonore  "Fils de Lutte" de TRUST. Il y a des fois où on sait qu’on est à notre place ou en tout cas c'est celle-là vers laquelle il nous faut tendre. C’est agréable de ne pas s’interroger sur des mots qui pourraient être mal interprétés, des plaisanteries qui ne seraient pas comprises. Raoul se sentait à sa place au milieu des vieux militants qui ont vécu leurs vies en appliquant les principes de solidarités, au milieu des jeunes ivres, au milieu des danseurs de Pogo pendant que Bernie Bonvoisin du groupe Trust hurle “Antisocial tu perds ton sang froid”. Au milieu de la foule reprenant en cœur avec elle:                                                                                                                                                                                                                                                                  

Foule sentimentale
On a soif d'idéal
Attirée par les étoiles, les voiles
Que des choses pas commerciales
Foule sentimentale
Il faut voir comme on nous parle
Comme on nous parle

Il se sent à sa place, au milieu de la foule qui repart, le cœur gonflé d’espoir persuadé que le mot humanité d’utopie passera à la réalité. Alors comme dans la chanson de Souchon nous chanterons: “ la vie ne vaut rien, rien  et finirons comme lui par dire: “ Rien ne vaut la vie”. Vous entendez cœurs meurtris, corps épuisés, malades, vous entendez les demandes des enfants, les paroles des femmes, des hommes qui parlent d'égalité. Raoul a écouté les débats à "la fête de l'Huma" qu'il a très bien compris par contre il ne comprend pas quand on lui dit que l'espoir ne peut concerner qu'une élite...

 Rien ne vaut la vie

à suivre

lepoetedusiecle
 

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