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« Ces deux là sont trop maigres pour êtres malhonnêtes »
       Il est là mon oncle, le seul témoin privilégié de ma jeunesse qu’il me reste.  Il est là mon oncle, il est là  comme seul frère alors qu’ils sont encore huit  en vie et que le plus jeune n'est plus. Nous nous prenons avec violence dans les bras l'un de l'autre, je me laisse aller à cette étreinte... Une dernière fois, encore une fois, une dernière fois, encore une fois… ENCORE puisque l'éternité ne nous est pas permise.
« - Ne m’abandonne pas toi, je ne veux plus pleurer ni qu’on me pleure, je voudrais l’immortalité pour tous ceux qui me sont chers. »
Alors que nous nous serrons de toutes nos forces, il y a cette musique qui m’envahit, ces paroles qui abrutissent mes sens «  la porte est refermée, nous voilà sans lumière », j’ai l’impression que tout se met à tourner, la place, les voitures, mes cousins et tous ceux qui sont venus assister aux derniers adieu…
Nous sommes là nous deux à nous serrer, à pleurer à grand bruit « trop maigres, trop moches dans notre désespoir pour êtres malhonnêtes »…
          J’étais encore étudiant, je venais pendant les vacances travailler avec mes deux oncles les plus jeunes qui ont respectivement un an et demi et quatre ans de plus que moi. Nous vivions complètement désorganisés au niveau domestique et chacun de nous tentait de palier les lacunes sans réellement y parvenir. Rien n’était grave en ces temps ou notre jeunesse, notre dynamisme et bienveillance pouvait tout combler. 
Mon « Tonton B. » le plus âgé de nous trois a continué à vivre de la sorte alors que mon oncle F. s’est révélé un exemple de solidité, d'amour familiale.
 Mon oncle B., le plus âgé de nous trois décidait de la musique au grand dam de son frère. Moi souvent, ça m’allait cette musique !
Une année , il avait acheté cet album de Brel, et il chantait à tue-tête 
 « La vie ne fait pas de cadeau …. »
C’était, il y a plus de trente ans, nous avions l’éternité devant nous c’était il y a plus de trente ans et depuis malgré les différents aléas de la vie qui auraient pu nous fâcher, nous éloigner complètement il y avait cette force, cette force datant de cette époque certainement qui nous ramenait à nous retrouver. 
Je pensais qu’il en serait toujours ainsi, c’était mon gage de jeunesse, c’était mon espoir de vieillesse.
Combien ne sommes pas nous ainsi, à nous dire que nous avons encore le temps... Le temps de nous dire que nous nous sommes essentiels, le temps de poser les mots sur ce que chacun apporte à l’autre...
Combien ne sommes pas nous à garder dans notre coin de cœur, de cerveau cette musique que nous écoutions, ces instants de fraternité qui ne se sont jamais effacés et qu’on espère un jour repartagés,
Sauf que nous voilà serré l’un à l’autre Moi et Tonton B. orphelins, amputés, bancales sachant que notre étreinte finie nous ne pourrons que continuer à vivre toujours guerrier certes car je l’ai promis à mon tonton F. qui m’a attendu pour me délivrer son dernier signe mais aussi déséquilibré, triste quand les lumières s’éteignent et que le téléphone ne sonne plus pour coordonner nos agendas…

 Nous étions jeunes et larges d’épaules,
 Nous attendions que la mort nous frôle »

                                                                                                              lepoetedusiecle

 

https://youtu.be/jaK0z_uDmpw

https://youtu.be/14Sfu5MmDzg

 

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