Mon caviste, ma thérapeute ou l'inverse

         L'autre jour entre ciel et terre alors que je discutais avec ma thérapeute, à moins que ça ne soit avec mon caviste... Qu'importe ! le résultat est le même, les deux me font me sentir bien...

Arrivé a la fin de ma séance ou de mes achats j'ai partagé un moment de doute, d'abandon car au moment de libellé la facture à mon nom je n'ai su quoi dire : « écoutez il y a une époque je signai leplusgrandpoètedusiecle puis lepoètedusiècle et actuellement je me demande si je ne suis pas juste lepoète ou plutôt lepoèteparmitantdautremaijenesuipalemeilleur...

« - je vais vous rajouter un château chasse spleen, qui ne pourra vous faire que du bien, à prendre sans modération bien entendu… Écoutez  si l'habit ne fait pas le moine, le nom où le titre font encore moins l'être !

         - le nom ou le titre font quand même l'être dans nos sociétés !

         -  Tout change, il y aura toujours des personnes qui vous serviront un château reconnu, espérant que le prestige du nom fasse écho à leur table, mais il y aura l'amoureux qui prendra du plaisir à goûter, à découvrir et écouter. Il sera heureux de vous présenter les amours qu'il n'espérait plus avant de s'abandonner sans préjugés. Il défendra ses choix car il met toutes les bouteilles au même niveau et seul lui importe ce qu'elles racontent et si elles sont sans artifices au sens artificiel ce ne sera que mieux,

J'osais une dernière déprime avant de franchir la porte. Je lis actuellement un livre d'Emmanuel Carrère « D'autres vies que la mienne » et il écrit ces mots terribles :

« ....je crois qu'il y a des gens dont le noyau est fissuré pratiquement depuis l'origine, qui malgré tous leurs efforts, leur courage, leur bonne volonté, ne peuvent pas vivre vraiment...
C'est parce que je crois cela que je suis tellement choqué par les gens qui vous disent qu'on est libre, que le bonheur se décide, que c'est un choix moral. Les professeurs d'allégresse pour qui la tristesse est une faute de goût, la dépression une marque de paresse, la mélancolie un péché. Je suis d'accord, c'est un péché, c'est même le péché mortel, mais il y a des gens qui naissent pécheurs, qui naissent damnés, et que tous leurs efforts, tout leur courage, toute leur bonne volonté n'arracheront pas à leur condition. Entre les gens qui ont un noyau fissuré et les autres, c'est comme entre les pauvres et les riches, c'est comme la lutte de classes, on sait qu'il y a des pauvres qui s'en sortent mais la plupart, non, ne s'en sortent pas, et dire à un mélancolique que le bonheur est une décision, c'est comme dire à un affamé qu'il n'a qu'à manger de la brioche. »

           « - Vous savez il y a des terres qui étaient épuisées, malades par tous les produits malsains qui avaient été déversées sur elles, Elles produisaient à contre cœur finalement pour se retrouver au banc des terres cultivables. Et bien parfois elles ont étés reprises en main par des amoureux et elles ont retrouvés leur éclat alors qu'elles se pensaient perdus. Il y a les appellations renommés et celles qui tracent leur sillon. J'ai du vin qui vient d'être classé en Bio après une reconversion, cela ne peut vous faire que du bien. »

j’allais surenchérir mais ma thérapeute me dit que nous allions arrêter là pour cette séance et me proposa de m’aider à mettre tous les cartons de bouteilles dans ma voiture. Je me sentais bien les bras chargés de promesses de moments à partager…

« - Ah pour la facture vous mettez au nom de leplugranpoètedusiècle j’ai retrouvé non seulement le goût mais aussi la foi.."

                                                                                                                                                 lepoètedusiècle