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     Au hasard du temps qui passe, j'ai rencontré l'autre jour mon ancien professeur d'anglais.

Je l'ai reconnu à la taille toujours aussi pointilleuse de sa barbe si caractéristique qui était rousse et aujourd'hui blanche...

Pour être plus précis je l'ai reconnu à la combinaison de sa barbe et de ses habits.

Son collier de barbe lui délimitait le visage toujours de la même façon et avait la même longueur que trente ans en arrière (déjà trente ans pour lui ce qui équivaut à 15 pour moi) . Ses vêtements se composaient à l'époque et toujours aujourd'hui de costumes taillé à la mode des années soixante et  aux pieds il avait encore des chaussures créés à la même époque je pense, qui étaient noires et blanches.

   J'adorais ses tenues à l'époque où j'étais son élève, il faut dire que le rockabilly sur ces années là avaient le vent en poupe, ce qui fait qu’il n’avait pas une allure aussi incongrue que cela peut paraître aujourd’hui …

Grâce à lui je m'étais intéressé à la musique anglaise, nous faisions beaucoup de traductions de chansons. Il m’a fait découvrir Bob Dylan qui était l’une de ces idoles et c'est depuis je crois que je suis attaché aux auteurs compositeurs et aux paroles engagées…

   J'éprouve un immense plaisir à écouter les mêmes musiques au fil des années, à voir les mêmes films au fil du temps. Cela me rassure, me conforte dans l’idée que j’aime garder de moi à savoir que je ne change pas ou si peu.

  Mon ancien professeur m’est apparu comme une caricature, une faille dans l’espace temps… Et j’avoue que cette apparition m’a fait peur, peur pour moi… Peur de ce que je pouvais être, finalement toujours englué dans un passé idéal qui n’avait jamais peut-être existé. Peur de définir mon époque avec des références éculées…

   Je rentrais chez moi en marchant dans le froid, mes pensées se remirent à sourire, dédramatisant la rencontre que je venais de faire. J’ouvre la boite à lettre dans laquelle je trouve une carte postale avec ces mots:

 

Nur wer sich ändert, bleibst sich tren

(seul celui qui change reste fidèle à lui-même)

lepoetedusiecle

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